25.

 

— Qu’y a-t-il encore, Khnoum-Hotep ?

— Cette fois, Sobek, c’est vraiment très grave. Un potier, Nez fin, a été agressé et volé par deux policiers qui agissaient sur tes ordres pour l’emmener à la corvée.

— Ce n’est pas l’époque et je n’ai jamais donné de tels ordres !

— Je dispose d’une preuve.

— Laquelle ?

— Les deux voleurs se sont emparés du bateau de leur victime. Nous venons de le retrouver dans le port de la police.

— Mise en scène grotesque !

— Les faits sont là, Sobek. Il y a au moins deux malfaiteurs parmi tes hommes. Je veux croire que tu as été abusé, mais les coupables doivent être arrêtés, et vite. Sinon, tu seras considéré comme pleinement responsable de ce délit majeur.

Le Protecteur abandonna toutes ses tâches et commença une enquête approfondie dans ses propres services.

 

Ils avaient le front bas, des yeux éteints et des épaules de docker, mais ils étaient riches. À chacun des deux faux policiers, Gergou venait de remettre un sac de cuir rempli de pierres semi-précieuses qu’ils négocieraient un bon prix.

— Drôlement bien payé, reconnut le plus âgé, vu la facilité du boulot. Taper sur le potier, l’effrayer et voler son bateau, on a connu pire !

— L’amarrer au quai de la police comportait des risques.

— En pleine nuit sans lune, le gardien complètement soûl, on n’a pas trop peiné ! Vous n’auriez pas d’autres affaires aussi juteuses ?

— Désolé, déplora Gergou, mais mieux vaut ne plus nous revoir. À Sichem, en revanche, l’un de mes amis vous réserve une belle surprise.

— Encore plus rentable ?

— Encore plus.

— Qui veut franchir les Murs du Roi doit être en règle.

— Voici une tablette que tu montreras aux douaniers. Vous passerez sans difficulté.

L’homme la glissa dans sa tunique.

— Il s’appelle comment, votre ami ?

— Présente-toi à la mairie, il vous attend.

Le bandit comprit : il s’agissait du maire lui-même, un pourri comme tant d’autres ! Décidément, travailler pour Gergou les menait loin.

Du haut d’une butte, caché par le feuillage d’un balanite, Gergou regarda les deux gredins marcher tranquillement vers la frontière.

Ni l’un ni l’autre ne savaient lire.

Quand ils montrèrent le document à un soldat, le ton monta très vite. S’ensuivit une bagarre qui tourna à l’avantage des deux brutes. Alors qu’ils tentaient de s’enfuir, une dizaine d’archers les prirent pour cibles et ne les ratèrent pas.

Sur la tablette était écrit : « Mort à l’armée égyptienne, vive la révolte en Canaan. »

Ainsi disparaissaient les agresseurs du potier. Nul n’établirait un lien quelconque entre eux et ces cadavres d’insurgés provocateurs.

 

— Comme ça, tu dormais ? interrogea Sobek.

— Oui, chef.

— Et tu as dormi toute la nuit au lieu de surveiller notre port ?

— Pas toute… Enfin, presque toute, chef. Je ne pouvais pas me douter… C’est quand même le quai de la police, on ne risque rien !

— Tu avais bu ?

— De l’alcool de dattes, et du bon !

— Offert par qui ?

— Je l’ignore, je l’ai trouvé dans ma guérite. J’y ai goûté, puis vous savez ce que c’est… On s’ennuie, la température fraîchit. D’habitude, je tiens quand même mieux l’alcool.

« Ce crétin a été drogué », pensa Sobek.

L’auteur de la manipulation, lui, n’était pas stupide et ne laissait rien au hasard. Le piège se refermait sur Sobek, à moins qu’il ne parvînt à identifier les policiers corrompus.

Mais s’agissait-il de deux membres des forces de l’ordre ou bien de simulateurs ?

Le Protecteur procéda lui-même à une série d’interrogatoires particulièrement déplaisants et ses fidèles menèrent des investigations approfondies afin de détecter d’éventuelles brebis galeuses.

Très vite se répandit la rumeur selon laquelle de graves dissensions minaient la police.

 

Ivre, le Syrien monta sur la table de la taverne et se mit à danser la gigue avec la grâce d’un éléphant.

Les buveurs applaudirent.

— Sobek, je l’ai vaincu ! Il se croyait plus fort que les autres, celui-là, mais pffft… Un bon coup de pied dans les côtes, et il s’écroule ! Le plus fort, c’est moi.

Suivit une kyrielle de propos incohérents qui déclenchèrent les rires des autres ivrognes.

Un porteur d’eau, le meilleur agent du Libanais, prêta attention à ce délire. Lui buvait peu et, dans cette taverne comme dans les autres, grappillait des renseignements susceptibles de l’éclairer sur les malheurs frappant le chef de la police.

Il s’agissait probablement des vantardises d’un fêtard alcoolique, mais le porteur d’eau était scrupuleux. Aussi, lors de la fermeture de la taverne, suivit-il le Syrien qui tentait à grand-peine de tenir debout.

Dans une ruelle obscure, il l’empêcha de tomber.

— Merci, l’ami ! Heureusement qu’il y a encore de braves gens… Pas comme ce Sobek ! Mais je l’ai quand même possédé.

— Toi tout seul ?

— Moi tout seul ! Enfin, presque… Une petite équipe drôlement soudée. Et si tu savais… On s’est présenté comme des policiers de la brigade fluviale ! T’aurais vu la tête du capitaine du cargo de céréales… Il nous a pris pour des vrais, nous qui détestons ces types-là ! Qu’est-ce qu’on a ri, surtout que c’était bien payé, à condition qu’on ne dise pas un mot. Alors, attention, l’ami : je ne t’ai rien dit, absolument rien.

— Je n’ai rien entendu. Les autres, ils racontent la même histoire ?

— Les autres, ils ont disparu. On devait se retrouver pour fêter la chute de Sobek, mais ils ne sont pas venus.

— Toi, où habites-tu ?

— Ça dépend des soirs. On ne me met pas facilement la main dessus, à moi !

— Qui vous a engagés, toi et tes acolytes ?

Le Syrien se tint tout raide, l’index pointé vers le ciel.

— C’est plus secret que secret ! Mais ce gars-là ne doit pas être un miteux.

À l’évidence, la bande de médiocres malfrats chargée de compromettre Sobek avait été éliminée de sorte qu’aucun de ses membres ne révélât la vérité, prouvant ainsi l’innocence du chef de la police. Travail mal fait, puisqu’il restait un survivant, ivrogne et bavard. Méticuleux, le porteur d’eau effaça le problème avant de contacter le Libanais.

 

Comment résister à des cailles nappées d’une sauce brune où se mêlaient harmonieusement une dizaine d’épices ? Ce deuxième plat de viande venait après quelques entrées et du poisson, et précédait un nouveau dessert créé par son cuisinier. Le Libanais oublia son régime et s’abandonna à l’inégalable plaisir du goût, tout en songeant au dernier rapport du porteur d’eau.

Cette fois, plus aucun doute : Sobek le Protecteur était bel et bien victime d’un complot. Excellente nouvelle au demeurant, mais il fallait encore identifier la tête pensante sans l’alerter et déclencher sa vindicte. Aussi le Libanais exigeait-il la plus grande prudence des membres de son réseau, car toute initiative déplacée risquait de leur nuire.

Un repas de cette qualité, accompagné d’un vin rouge dont le bouquet enchantait le palais et régénérait le sang, ouvrait forcément l’esprit. Dans la masse d’informations accumulées par ses agents, un détail alerta le Libanais : les bateaux de charge interceptés par de faux policiers étaient des cargos céréaliers. Qui pouvait connaître leur itinéraire et savoir où les intercepter, sinon deux personnes ?

La première, le responsable de la police fluviale nommé par Sobek. Pourquoi aurait-il voulu lui nuire ?

La seconde, beaucoup plus intéressante : Gergou, inspecteur principal des greniers. Derrière Gergou, Médès, Secrétaire de la Maison du Roi.

Si ce dernier était bien l’instigateur du complot, impossible de progresser sans avertir l’Annonciateur.

 

— Si tu as demandé à me voir, dit le vizir à Sobek, c’est sans doute pour me donner le résultat de ton enquête. Je l’espère positif.

— De mon point de vue, oui.

— Les noms des deux coupables ?

— Je l’ignore, mais j’ai une certitude : ce ne sont pas des policiers.

Le ton de Khnoum-Hotep se durcit.

— Dérobade inutile et ridicule, Sobek ! Le dossier est accablant. Si tu persistes à couvrir tes hommes, tu seras considéré comme le seul responsable.

— Je ne couvre personne. Menées sans aucune indulgence, de sérieuses investigations n’ont abouti qu’à créer un climat détestable.

— Tu ne me laisses pas le choix. Je suis obligé de t’inculper après t’avoir démis de tes fonctions.

— Je suis victime d’un complot et tu prends une décision injuste.

— En ne te sanctionnant pas, j’insulterais la justice, et le pouvoir royal serait considérablement affaibli.

— Tu commets une grave erreur, vizir.

— Avant la tenue de ton procès, tu auras tout le temps de prouver ton innocence. D’ici là, tu ne diriges plus la police. Et je crois également préférable que tes hommes de confiance n’assurent plus la protection rapprochée du roi.

Sobek blêmit.

— Pour quelle raison ?

— Supposons que les deux coupables appartiennent à ce corps d’élite que tu as formé et que tu contrôles… Ne serait-il pas imprudent de lui laisser les mains libres ?

— Comprends-le : un criminel tente de me détruire afin de rendre le pharaon vulnérable.

Khnoum-Hotep réfléchit longuement.

— C’est l’une des possibilités, en effet, et je prendrai les mesures nécessaires de sorte que Sa Majesté ne coure aucun risque. Mais il en existe une autre : des fidèles du chef de toutes les polices du royaume ont cru pouvoir commettre des délits en toute impunité parce que leur supérieur les couvrait. Une telle ignominie serait le signe d’une décadence inacceptable. Mon principal devoir consiste à l’empêcher.

— Suis-je autorisé à voir le roi ?

— Une entrevue laisserait supposer qu’il cautionne tes agissements. Or le pharaon n’interfère jamais en matière de justice.

— Je t’estime, Khnoum-Hotep. Toi, tu me connais mal et tu te trompes.

— Sincèrement, je l’espère.

 

— C’est fait ! s’exclama un Gergou triomphant. Sobek le Protecteur vient d’être inculpé par le vizir pour coups et blessures volontaires, vol de bateau, utilisation illégale de la corvée et abus de pouvoir. Ça devrait chercher loin, non ?

— Khnoum-Hotep voudra faire un exemple et prouver au peuple que l’État n’est pas corrompu, estima Médès. Faut-il encore que Sobek soit condamné.

— Il n’a aucune chance de s’en sortir. Les preuves sont accablantes, le potier maintiendra ses accusations. Mes deux petits bandits ont bien travaillé.

— Aucun risque de ce côté-là, Gergou ?

— Vraiment aucun ! Comme prévu, les gardes-frontières les ont abattus. Je n’ai laissé aucune trace derrière moi.

— Sobek tentera de démontrer son innocence.

— Impossible, je vous assure. Ce problème-là est réglé, le chef de toutes les polices du royaume éliminé.

— Le vizir nommera probablement plusieurs responsables à la tête des différents services de sécurité et les contrôlera lui-même. Dans un premier temps se produira une belle désorganisation dont nous profiterons pour accomplir notre plan.

L’enthousiasme de Gergou retomba.

— Ne serait-il pas préférable de s’attaquer d’abord aux membres de la Maison du Roi ? La déchéance de Sobek les déstabilisera et…

— Sans lui, Sésostris devient vulnérable. Le corps d’élite, fidèle au Protecteur, ne sera pas remplacé dans l’immédiat. C’est donc à l’intérieur même du palais qu’il convient de frapper.

— Ni vous ni moi ne pouvons agir !

— Hésiterais-tu, Gergou ?

— Tuer le pharaon… Trop risqué !

— Dès que les gardes choisis par Sobek auront été renvoyés, nous achèterons certains remplaçants. Alors, le chemin sera libre.

— Ne m’en demandez pas trop, patron !

Médès ne se faisait aucune illusion : son second savait se débrouiller dans l’ombre, mais il n’aurait pas le courage de supprimer Sésostris.

— Tu as raison, ni toi ni moi ne pouvons nous exposer ainsi. Recrutons un expert qui n’aura peur de rien.

— À qui pensez-vous ?

— Nous ne le connaissons pas encore. À toi de le trouver, Gergou, en fouinant dans les tavernes, sur les docks et dans les quartiers pauvres. Déniche une tête brûlée que la perspective de devenir très riche en une seule nuit attirera de manière irrésistible.

— S’il échoue, il nous dénoncera.

— Qu’il réussisse ou qu’il échoue, il ne survivra pas. Soit les gardes l’abattront avant qu’il ne quitte le palais, soit nous l’éliminerons nous-mêmes lors de la remise de sa prime.

Les mystères d'Osiris - 02 - La conspiration du mal
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